Un Traité tactique de Canne Ball (by Archo)
1. Une équipe = plusieurs joueurs
Avant de rentrer dans des schémas tactiques bien définis, nous allons parler un peu des individualités qui forment une équipe. Chaque personne dispose de points forts, de points faibles. Cette règle est aussi valable pour un canniste débutant que pour un canniste confirmé.
Et si je débute en canne ?
Faisons abstraction du niveau de canne. Si vous ne savez pas armer proprement un coup, ne vous arrêtez pas à cet obstacle. Après tout, l’élimination des joueurs en canne-ball est optionnelle non ?
Servez vous de votre canne pour parer, pour manipuler la balle, ou juste pour justifier votre présence sur le terrain. Tant que vous êtes en vie, courez, sautez, esquivez, faites des grimaces à l’équipe adverse pour les aiguillonner et les déstabiliser !
La règle d’or pour les cannistes débutants, comme pour les confirmés, consiste à trouver sa spécialité de manière à pouvoir la mettre par la suite au profit de son équipe. Il peut s’agir d’un travail individuel ou en groupe (réalisation de plusieurs petits exercices ciblés avec debriefing). Il est également important, par la même méthode, de trouver ses points faibles, de manière à pouvoir les masquer, à défaut de les combler (personne n’est parfait).
Même sans stratégie particulière, une équipe qui prend en compte ses propres points faibles/forts disposera d’une structure. Dès ce moment, il lui sera possible d’obtenir des résultats plus facilement. Voici un petit récapitulatif non exhaustif des rôles les plus courants que l’on peut discerner dans une équipe.
Les offensifs sévères
« Liquidation totale, tout doit disparaître »
Ils ont en général un bon niveau de canne, ce qui leur permet d’éliminer le plus de joueurs adverse possible. Ils doivent également disposer d’une bonne endurance pour parcourir le terrain à la recherche de nouvelles cibles.
Les offensifs vicieux « Oh ? Une jambe sans défense ! »
Pas besoin d’être expert en compétition pour glisser discrètement un enlevé dans le dos d’une personne qui ne fait pas attention. Surtout si elle est distraite par un assaut… le tout est de ne pas se faire repérer.
Les total défense « J’ai dit : tu passe PAS ! »
Spécialisés dans l’esquive et la parade, ils sont du genre pacifiste et ne provoquent jamais l’assaut. Ils sont en général bons porteurs de balle.
Les défenseurs réactifs « C’est lui qu’a commencé m’sieu ! »
Spécialisés dans la riposte, ils ne provoquent pas l’assaut, mais ne se laissent pas faire pour autant. Ils sont en général bons porteurs de balle.
Les rapides « Attrape-moi si tu peux ! »
Ils se basent principalement sur leur vitesse de course. Selon leur niveau de canne, ils peuvent intervenir en tant que tireur, pour véhiculer la balle plus rapidement, ou bien en tant que soigneur pour accélérer le rythme des soins.
Les endurants « Oooonn n’est pas fatigués ! »
Ils se basent principalement sur leur endurance et leur souffle. Ils font généralement de très bons soigneurs car ils peuvent enchaîner les allers-retours de la zone neutre à la zone de jeu de façon continue.
Les polyvalents « Moi quand ch’rai grand, ch’rai patissier-magicien-astronaute ! »
Capables de prendre chacun (ou une partie) des comportements sus-cités. Il s’agit en gros de « tampons » capable de prendre la relève en cas de défaillance d’un des « spécialistes » cités ci-dessus.
Il doit bien sûr exister un tas d’autres archétypes auxquels je n’ai pas pensé, mais il s’agit à mon avis des plus courants (surtout les endurants…ho ho ho !…).
Dès lors que chaque joueur à endossé un rôle et qu’il le tient, l’équipe peut se structurer de différentes façons. Nous allons donc voir dans la prochaine partie, différents schémas tactiques adaptées aux différentes compositions d’équipe.
2. Plusieurs joueurs = une équipe
Stratégie de groupe
Comme je le disais plus haut, en canne-ball, une équipe de tireurs peu expérimentés peuvent tout de même emporter la victoire face à une équipe de compétiteurs.
Après tout, que ce soit historique ou purement romanesque, n’a-t-on jamais vu des armées en large infériorité numérique l’emporter tout de même grâce à leur ingéniosité ? Bon, dans ces cas là, il s’agit principalement d’une histoire de terrain et de conditions climatiques. Il faut reconnaître que dans un gymnase, il est difficile d’utiliser de tels paramètres à son avantage…
Mais bon ça vous donne un aperçu de l’idée générale !
Nous aborderons uniquement dans cette partie, différents types de formations et de tactiques applicables. Puis dans une seconde partie, qui fera l’objet d’une autre rédaction, nous verrons comment répondre à ces types de formations et de tactiques.
Mais réfléchissez-y un peu par vous même avant, sinon ce n’est pas rigolo !
Les spécialistes
Ou, pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? Les équipes spécialistes sont les équipes composées en grande majorité de membres d’un seul archétype (voir première partie). En ce cas, la stratégie la plus simple et la plus confortable consiste à exploiter pleinement cette spécialité pour viser la victoire.
a. L’équipe offensive
profils dominants : offensif sévère ou vicieux La victoire s’atteint de deux façons : aux points, ou à la neutralisation de la totalité de l’équipe adverse. La tactique consiste donc à viser principalement la seconde méthode, en jouant de façon agressive (mais toujours fair-play et dans l’esprit de la canne, attention). Il faut marquer chaque membre de l’équipe adverse pour les empêcher de progresser ou de se rassembler, et les éliminer le plus rapidement possible. Ne jamais chercher à prendre possession de la balle.
Si jamais l’équipe adverse arrive néanmoins à prendre suffisamment d’avance (plus d’un point d’écart), cette méthode devient obsolète. Il s’agit donc de neutraliser la totalité de l’équipe adverse sauf une ou deux personnes, de manière à pouvoir marquer des points aisément et remonter au score.
Puis l’objectif redevient la victoire par élimination de la totalité de l’équipe adverse.
b. L’équipe défensive
profils dominants : totale défense, défense réactive
Pas de violence, c’est les vacances… il s’agit probablement d’une des équipes pour laquelle il est le plus dur de marquer des points en ne se focalisant que sur sa spécialité. Le principe consiste à gagner aux points, en avançant pas à pas et en provoquant les fautes adverses. C’est de la propreté de la touche et de leurs passes, et d’une défense impénétrable, que naîtra la victoire.
c. L’équipe rapide
profils dominants : rapides, endurants
Dans canne-ball, il y a « ball » non ? Alors pourquoi s’embêter avec sa canne ? L’équipe rapide construira son jeu autour de passes vives, précises et efficaces. L’élément « assaut » doit passer au second plan pour privilégier la course et les mouvements rapides de chacun des joueurs. Des parades et des esquives, pourquoi pas, mais en mouvement. Les membres de cette équipe ne doivent pas se laisser fixer dans un assaut et chercher la victoire aux points.
Les polyvalentes
Ou, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Parce qu’on n’a pas toujours le choix et donc qu’il faut faire avec. Ou alors par simple plaisir d’originalité et de variété. Les équipes polyvalentes représentent la vrai richesse stratégique du canne-ball.
d. L’équipe atomique
profils dominants : endurant, rapide, défense totale
Il s’agit là d’une formation réalisable par tout le monde, débutant comme confirmé. Schématiquement, un atome est composé d’électrons gravitant autour d’un noyau, composé de protons et de neutrons.
L’équipe va donc devoir désigner :
– deux neutrons : noyau dur de l’atome, ils se déplaceront ensemble et adopteront un comportement purement défensif. Ils conserveront leur rôle durant toute la durée de la formation.
– un proton : solidaire au noyau de neutron. À la différence de ce dernier, il pourra changer de rôle avec un électron pendant l’action.
– deux électrons : ils gravitent autour du noyau sans jamais rester en place. Ils peuvent adopter un comportement actif ou passif. De temps à autre, ils peuvent échanger de rôle avec le proton.
Le principe est simple. Le noyau avance en se protégeant (éléments dos à dos) et en conservant la balle. Mais comment faire avancer la balle ?
En la mettant à terre, au centre du triangle et en le déplaçant doucement avec le pied. Il s’agit dans ce cas de protéger la balle également, sans quoi l’équipe adverse risque de la ramasser.
En se la passant de main en main, sans jamais passer outre la règle du « marché ». La manœuvre est plus délicate, mais permet une avancée plus dynamique. En outre, la balle est plus à l’abri.
Comme le noyau possède la balle, il sera le centre d’attention de l’équipe adverse. Les électrons libres en profiteront donc pour se placer à des endroits stratégiques de manière à marquer rapidement suite à une série de passe. Par exemple : noyau passe à électron 1, qui passe à électron 2 en zone d’en-but. Les passes sont de distance moyenne à longue. Ces électrons-là sont les électrons passifs.
Les électrons actifs profiteront de la focalisation des membres de l’équipe adverse sur le noyau, pour les neutraliser plus facilement. La règle d’or de l’électron, qu’il soit actif ou passif est de rester en mouvement en permanence.
En bref
L’exemple de formation ci-dessus illustre les quelques possibilités de formation spécifique au canne-ball, mais libre à qui veut d’adapter les placements du football, du basket, du hockey ou de n’importe quel autre sport collectif. Supposons par exemple, que l’on choisisse une formation en « 2-2-1 ». On aurait deux arrières (défense réactive), chargés de faire avorter les tentatives d’attaque adverse en éliminant ou en fixant les joueurs, deux centres (offensifs et/ou défensif) chargés d’occupé le centre du terrain et mobile vers l’avant ou vers l’arrière, et un avant (rapide ou offensif sévère) chargé de marquer des points ou d’éliminer le plus de joueur possible…
Finalement, toutes les combinaisons sont possibles, il serait donc prétentieux de ma part d’en faire une analyse quelconque avant de les avoir vues à l’œuvre. Après tout, qui affirme qu’une formation efficace au foot le sera également au canne-ball ?
Je vous encourage donc, à partager vos idées et à les rassembler, de manière à ce que nous puissions progresser tous ensemble dans le développement de cette discipline pré pubère qu’est le canne-ball !
Quelques idées/conseils tactiques générales
La victoire par défaut
Une des particularités du canne-ball, rappelons-le, est la possibilité d’éliminer les joueurs de l’équipe adverse. Dans ce cas, le match s’arrête et l’équipe encore en jeu remporte 2 points.
Mais alors supposons que votre équipe mène la partie de trois points (5-2 par exemple).
Si le match s’arrêtait là, vous l’emporteriez. Et si vous vous laissiez tous neutraliser ? Ainsi, le match cesserait, et vous emporteriez la victoire par 5 à 4.
Attention toutefois aux revers de cette stratégie !
Le mouvement perpétuel
Changez de stratégie à chaque reprise, voire plus souvent. C’est le meilleur moyen de déstabiliser l’équipe adverse. D’autre part, tout comme en canne, le premier coup touche rarement, mais qu’un enchaînement judicieux et un bon sens de l’observation permettent de créer et de repérer des ouvertures. Ne reste qu’à savoir les exploiter et à adapter sa stratégie en fonction de la situation !
Conclusion
J’en ai fini avec cette brève introduction à la tactique au canne-ball. Encore une fois, je souhaite que tout le monde puisse participer au développement de nouvelles stratégies, de nouvelles réponses, de nouveaux conseils. Nous sommes encore tous débutants en la matière, et c’est en rassemblant les idées venues de divers horizons que nous parviendrons à faire quelque chose de plus complet, et donc plus excitant ! Enfin, n’oublions pas que le canne-ball est avant tout un loisir et qu’au fond, peu importe le résultat et la méthode tant qu’on prend plaisir à le pratiquer !
Xavier Fabiani (Archo)