Le bâton français | Expertise | Partie 3
Voici la fin de la série d’articles rédigés en parallèle de la publication de la double-page sur le bâton français, dans le magazine Karate Bushido d’octobre 2013.
PARTIE 3 : UNE CERTAINE APPROCHE
Les paramètres généraux :
En bâton, tout le corps travaille car le fait de tenir le bâton à deux mains implique que le moindre mouvement mobilise tout le corps. Cela est d’autant plus vrai lorsqu’on utilise toute l’aire de combat (9 mètres de diamètre) en cherchant à utiliser l’inertie générée par un mouvement (ou une manipulation de l’arme), pour enchaîner un coup ou une parade.
Beaucoup d’énergie est nécessaire pour faire corps avec son arme, de vigilance, de coordination et de concentration.
Dans l’apprentissage du bâton, le professeur doit avant tout permettre aux élèves de s’approprier l’arme, au travers de manipulations diverses, en déplacement ou sur place en veillant toujours à essayer de sentir les influences de tel ou tel mouvement sur l’inertie du bâton et l’inertie du bâtonniste.
La recherche de la précision
Pour éviter les mouvements parasites qui peuvent entraîner des repositionnements des mains, des déséquilibres en cas d’accélération, des erreurs de placements… le bâtonniste doit veiller à positionner ses pieds correctement. Le pied avant est directionnel et le pied arrière légèrement en retrait à 45°. Lors des déplacements, il n’y a pas de croisements sauf si ces mouvements sont voulus et non subis. Nous travaillons parfois des mouvements de « l’homme saoul » avec des déplacements à base de croisements de pieds et de mini chutes. L’objectif est d’utiliser ces déséquilibres pour lancer le bâton avec une forte inertie. La difficulté, alors, est de corriger les trajectoires pour que le coup soit valide… Cette technique est très consommatrice d’énergie et d’attention afin de ne pas blesser le partenaire, ni se blesser soi-même !
La précision en bâton peut également être abordée sous l’angle du travail de la touche, à distance. La codification précise que la touche peut se faire avec le quart supérieur, ou parfois le tiers supérieur du bâton…nous travaillons essentiellement avec le bout du bâton, sur des touches au dernier centimètre ! A ce niveau, le moindre mouvement du corps peut ou non influencer le résultat !
L’apprentissage du bâton français dépasse largement le cadre de la codification technique, car il s’appuie avant tout sur la recherche des meilleurs mouvements à effectuer pour que l’ensemble corps-bâton s’intègre au mieux dans l’espace. Il faut sans cesse être à l’écoute du poids du bâton. Cette notion est particulièrement difficile à appréhender, car là, peu importe le mouvement associé. Il s’agit de sentir le poids du bâton et d’utiliser son corps pour toujours sentir les points d’équilibre et jouer avec, sur place ou en déplacement. Les caractéristiques du bâtons, sa taille, sa forme, sa matière, le fait qu’il soit tenu à deux mains exerçant une pression plus ou moins forte avec les doigts sur l’arme, le type de mouvement exécuté tout participe à la recherche du mouvement optimum.
Le bâtonniste doit ne faire qu’un avec son arme et cela passe par une découverte préalable de tout ce que l’on peut faire avec, dans l’espace, sans contrainte. La codification va ensuite structurer la pratique, la coordonner. Il faut également avoir en tête le fait que si l’on veut pratiquer longtemps, il faut savoir s’économiser, faire attention à ses placements, ne pas forcer sur les articulations par exemple, faire attention aux effets de leviers qui sont importants lorsque l’on tient le bâton à bout de bras… Il faut rester éveillé, présent, mobilisé même dans la décontraction, rester vigilant, car l’arme reste dangereuse.
Par Frédéric Morin